Zestes de vie

Il est assez compliqué de connaitre plus que des informations de base sur nos ancêtres. Mais avec un peu de chance on peut prendre connaissance de tranches de vie plus intéressantes. Nous pouvons alors connaitre des péripéties de la vie de notre aïeul, comme par exemple quand mon arrière grand père Paul Marc Marie a été sauvé de la noyade (voir ici ) ou encore tomber sur quelque chose qui nous renseigne sur un aspect de la vie d'une personne qu'on n'aurait pas même pu imaginer au regard uniquement des pièces d'état-civil.


Richard Armand LAFFEZ est un arrière petit fils de Jacques Joseph LAFFEZ, mon ancêtre direct (9e génération en branche agnatique en partant de moi). Un cousin issu de germain donc.

Né le 29 juin 1856 à Lille, il s'est marié avec Adéle Césarine CUVELIER le 1er décembre 1877, et ils ont eu deux enfants, Jules Richard, né en 1878 et Octave Armand né en 1880. Au moment de spon mariage, il exerçait la profession de peloteneur.

C'est à peu près tout ce que l'on peut savoir à partir de l'état civil. (Je n'ai pas cherché à quelle date il est décédé) et c'est vraiment très maigre pour dresser un portrait du personnage.

Cependant, une découverte sur Gallica me permet de dresser un portrait plus intéressant:

En avril 1894, la sœur d'Adèle CUVELIER était à l'article de la mort. Son mari, M. Degobert était de son côté interné en "maison de santé" et ne pouvait pas être en mesure d'aider son épouse. Or ce couple avait trois filles, âgées de 13, 12 et 8 ans. Elle était donc fort inquiète quant au devenir de ses enfants après son décès et fit donc venir sa sœur auprès d'elle. Elle lui demanda d'adopter ses filles après son décès. Adèle n'hésita pas à accéder à sa requête, reconnaissante des bienfaits que sa sœur lui avait apportés lors de son enfance. Richard accepta lui aussi sans hésiter, et ce malgré un travail journalier et deux enfants au foyer. La famille recomposée comportait désormais 5 enfants, sans plus de ressources.

Ce geste leu valu une médaille d'argent  de la fondation C. DELATTRE-PARNOT et un livret de caisse d'épargne de 340 fr (Le convertisseur de l'INSEE indique une valeur actualisée de 150 000 € environ, pour 340 fr de 1901, mais je pense que cette valeur est exagérée)



L'article cite en outre l'employeur de Richard, ce qui ouvre une piste pour en connaître plus sur son travail


Un peu plus instructif que les simples informations provenant de l'état civil. Et question de chance



Texte original


FONDATION C. DELATTRE-PARNOT.

Au mois d’avril dernier, la femme Degobert se mourait ; son mari, interné dans une maison de santé, ne pouvait plus lui être d’aucun secours. Tourmentée d’une amère douleur, agitée par la crainte de laisser sans appui ses trois filles âgées de 13, 12 et 8 ans, elle lit appeler sa sœur, à qui elle avait jadis servi de mère et lui demanda, avec larmes, de les adopter.

Mme Laffez n’hésita pas, elle résolut de payer au centuple les soins dont sa sœur avait entouré son enfance. M. Laffez partagea les dignes sentiments de sa femme. Quoique déjà chargés de deux enfants, et n’ayant pour toute ressource que le fruit d’un travail journalier dans la maison Descamps-Beaucourt, les époux admirent à leur foyer leurs jeunes nièces à la mort de leur mère.

Aujourd’hui les trois orphelines grandissent sous l’œil maternel de leur tante, sous la tutelle de leur oncle,

apprenant à vivre à l’école du sacrifice, de l’honneur et de la probité.

La Société, touchée de cette admirable abnégation, décerne aux époux Laffez-Cuvelier,une médaille d’argent et le prix I)elattre-Pamot, consistant en un livret de caisse d’épargne de trois cent quarante francs.


Source:  Séance solennelle / Société des sciences, de l'agriculture et des arts de Lille, 23/12/1894, page 36

Su Gallica




Y a-t-il des erreurs dans mon arbre généalogique ? De l'importance de noter les sources

A cette question cruciale il n'existe que deux réponses, de prime abord.

Soit la réponse est oui, et dans ce cas on me demandera pourquoi je ne les corrige pas.

Soit la réponse est non, et dans ce cas on me demandera si je suis bien sur de moi, ou si je ne suis pas prétentieux ou si... 


En réalité, une partie de mes ancêtres étant Normands, je me contenterai de répondre:


    "Ptet' ben qu'oui, ptett ben qu'non", une réponse de Normand.


En réalité, nos logiciels permettent un certain contrôle de cohérence dans nos arbres et il ne faut pas s'en priver.

Pour ma part, cela fait plus ou moins 40 ans que je fais de la généalogie, avec des périodes de moindre activité dans le passé en raison du manque de temps. Et comme peut être un certain nombre de personnes je e suis contenté de noter les informations concernant les naissances, décès et mariages, puis les fiches matricules. Je me contentais alors de prendre une photocopie ou une copie d'écran de chaque document sans noter la cote. Résultat: j'ai un certain nombre de données que je sais être vraies, mais sans les références.


D'un autre côté, j'ai constaté dans les arbres publiés sur généanet certains problèmes. Le plus  courant, et je fais partie des fautifs, est la non citation des sources permettant de donner une information. 

J'ai aussi détecté une confusion entre deux homonymes dans mon ascendance, le plus jeune des deux se voyant attribuer comme père le père du plus vieux ! Et la personne ayant mis cet arbre en ligne, bien qu'avertie de l'erreur, ne l'a pas corrigée. 

Ce genre de problème, pour aggraver les choses, est souvent recopié tel quel et se retrouve propagé de proche en proche. C'est gênant.

C'est la raison pour laquelle j'ai pris plusieurs décisions:


  • Je reprend toutes les fiches de ma base de données pour vérifier les informations concernant chacune des personnes de mon arbre, et indique les sources
  • Lorsque je trouve une information sur généanet ou ailleurs, je la vérifie et l'enregistre dans ma base de données avec la source.
  • Si une information est donnée avec la source, je vérifier cette source avant d'utiliser l'information.
Avec ces résolutions, j'espère, à terme, pouvoir répondre Non à la question posée en titre.

Et si j'ai un conseil à donner à un débutant, c'est de bien donner les sources de ses informations dans son arbre.




XIXe siècle : On va enfin à l'école, et ce n'est pas pour rien !

Le XIXe siècle marque une transformation majeure dans l’organisation et la démocratisation de l’éducation en France. Cette période est caractérisée par des réformes progressives, guidées par des préoccupations économiques, sociales et politiques.

Avant cela, l'instruction était réservée à une élite fortunée. Le petit peuple pouvait tout au plus apprendre les rudiments de la lecture et ensuite de l'écriture auprès du curé.

Le XIXe siècle va tout changer. 

Au début du XIXe siècle, l’instruction est encore très inégalement répartie. Sous Napoléon Bonaparte, la loi du 11 floréal an X (1802) organise l'enseignement secondaire en créant les lycées, encore réservés à une élite sociale. L’Église catholique joue toujours un rôle central dans l’éducation, surtout dans les campagnes. Cependant, la Révolution française avait posé les bases pour une éducation plus laïque et accessible à la fin du siècle précédent, notamment avec le décret de Condorcet (1792) qui prônait une instruction gratuite et universelle, sans réelle mise en œuvre.


Sous la Restauration (1815-1830), l’éducation est marquée par une dualité entre influence ecclésiastique et velléités étatiques. La loi Guizot de 1833  impose à chaque commune de plus de 500 habitants d’avoir une école primaire pour garçons et les oblige à financer l'école publique du lieu. Cette loi pose aussi les bases de la formation des instituteurs avec la création des écoles normales.


Sous la Seconde République (1848-1852) et le Second Empire (1852-1870) le mouvement se  poursuit. La loi Falloux de 1850 étend l’obligation scolaire aux filles dans les communes de plus de 800 habitants et renforce le rôle de l’Église, mais elle n’impose pas encore l’universalité de l’éducation.


Un livrez offert à un bon élève. Ma main
donne la taille du livre: 
Un beau cadeau
Bibliothèque personnelle
Avec la montée de la Troisième République (1870-1940), les idées républicaines favorisent une école
laïque, gratuite et obligatoire. Jules Ferry joue un rôle déterminant avec ses lois de 1881 et 1882, qui rendent l’enseignement primaire gratuit, obligatoire pour les enfants de 6 à 13 ans, et laïc en interdisant les signes religieux à l’école. Ces réformes s’appuient sur la volonté de former des citoyens éclairés, capables de participer activement à la vie démocratique. Comme on le voit, la laïcité et l'interdiction des signes distinctifs religieux n'est pas une nouveauté!

Les instituteurs deviennent des « hussards noirs de la République ». Ils véhiculent des valeurs républicaines et patriotiques. Le réseau des écoles publiques s’étend dans les campagnes, même si les disparités régionales restent fortes. L’enseignement secondaire, réservé à une élite, demeure payant et peu accessible aux classes populaires, mais la progression de l’alphabétisation est remarquable : en 1870, environ 75 % des conscrits savent lire et écrire, contre seulement 50 % en 1820.

Les lois Jules Ferry achèvent le processus en 1881 et 1882, rendant l'école gratuite et l'instruction primaire

L’étiquette apposée sur la 2ème
de couverture.





 

obligatoire.


Pour les généalogistes, il est difficile de savoir comment les anciens se sont comportés à l'école et quels résultats ils ont obtenus. Bien entendu, certaines carrières parlent d'elles même.  De même, on peut avoir trouvé des documents, cahiers, carnets, livres remis comme prix, dans les archives familiales. Mais cela même peut être compliqué après 150 ou 200 ans.

Heureusement, lorsqu'une remise de prix était organisée dans une école, les lauréats étaient bien souvent cités dans les journaux locaux. Leur exploration permettra de faire des découvertes inintéressantes tout en posant parfois de nouveaux problèmes. Voir ci-dessous.




 
Remise de prix à Paul LAFFEZ
Vannes 1892. Il a alors 12 ans
Son frère Félix, primé lui aussi en
1891. Il a alors 7 ans



Parfois, on trouve des informations qu'on ne sait pas à qui attribuer:







Dans le journal de Lille, du 6 septembre 1843
Henri LAFFEZ est primé. Mais de quel Henri ?
Mon ancêtre Henri Auguste, né en 1832 probablement
Henri Constant, son cousin , né en 1835 ? Peu probable, sa branche ayant opté pour 
une orthographe différente du patronyme semble-il
Un autre ? Il y a eu d'autres Henri LAFFEZ, mais je ne les ai
pas encore tous rencontrés
La réponse reste encore ouverte

What time is it ou une brève histoire du temps dans un autre temps !

Cadran solaire Égyptien


La mesure du temps est une préoccupation ancienne, nécessaire à l'organisation sociale, religieuse et
économique des sociétés antiques. Les premières références utilisées par les hommes ont été les déplacements des ombres et le cycle lunaire. Une phase lunaire dure environ 7 jours, origine de la semaine. 

Clepsydre grecque


Les Mésopotamiens, et spécialement les Babyloniens utilisaient un système de numérotation positionnel 1 à base 60 dont il nous reste des traces importantes dans le découpage des heures en minutes et des minutes en secondes, ainsi que la numération des angles en degrés (360° pour un cercle)

L'heure a une autre origine. Initialement, les Égyptiens avaient découpé la nuit en 36 décans, chacun
correspondant à l'observation d'une ou plusieurs étoiles. Ce système fut simplifié il y a 41 siècles environ, vers 2100 avant JC,  et ramené à 12 décans. La nuit fut donc divisée en 12 parties, et ce uniquement pour les Pharaons, à des fins religieuses. Ce ne fut que 6 siècles plus tard que la journée fut, elle aussi divisée en 12 parties. C'est à cette époque que le premier cadran solaire fut inventé. Il ne tenait pas compte des saisons et divisait la journée en 12 heures, quelle que soit sa durée. Ainsi les heures d'été duraient plus longtemps que les heures d'hiver, ce qui n'avait pas beaucoup d'incidence en Egypte où la différence de durée du jour ne dépasse pas 40%, contrairement à nos contrées d'Europe où la durée du jour peut varier du simple au double. 

Les Romains utilisaient eux aussi une division de la journée en 12, la journée commençant au lever du jour et se terminant au coucher du soleil. Par contre, ils divisaient la nuit en 4 vigiles, la troisième correspondant à minuit. Le Grecs, de leur côté, divisaient le jour et la nuit en chacun en douze heures. 

Clepsydre à tambour
dessin de Mauclerc
1828



C'est ce système qui fut utilisé au moyen âge. L'heure correspondante est appelée heure temporaire. 

Cependant, les astronomes et les géographes ne pouvaient pas utiliser un tels système car ils avaient besoin d'un référentiel de temps invariable pour leurs observation et ont donc utilisé un système dit équinoxial et divisant le jour (au sens actuel) en 24 heures égales. Pour obtenir la durée de cette heure de référence, ils utilisèrent la durée de l'heure temporaire du jour de l'équinoxe. A partir du XVIIIe siècle on les appela heures solaires vraies, par opposition aux heures solaires moyennes données par la montre. L'heure équinoxiale est toujours d'usage, mais elle est maintenant définie par un multiple de la seconde, la seconde étant elle même définie par une propriété de la matière (en l’occurrence du césium 133), beaucoup plus précise que les définitions initiale.

Les cadrans solaires donnent l'heure solaire vraie et sont utilisés couramment par tout ceux qui ont besoin

Le Gros horloge de Rouen
Une des plus ancienne horloge
publique d'Europe, mise en place en 1389


de connaître l'heure (par exemple les prêtres pour sonner les différents offices). Les horloges mécaniques, quant à elles, apparaissent  au XIVe siècle. Elles succèdent aux sabliers et autres clepsydres. Initialement, elles ne font que sonner les cloches, ne disposant pas de cadran. Les aiguilles apparaissent plus tard. D'abord une pour marquer les heures, puis une deuxième pour indiquer les minutes. 

C'est l'horloger John Harrison  qui invente le chronomètre portable, en 1737. C'est un objet dont le prix est élevé.

Horloge atomique

Tout cela nous permet de comprendre que le monde d'alors vit au rythme du soleil, et qu'à un instant donné, il n'est pas la même heure à Strasbourg qu'
à Brest ou Paris. Mais le paysan, qui se lève et se couche avec les poules n'en a que faire. Peu lui importe qu'il lui faille 3 ou 4 heures pour labourer son champ, ou 2 pour aller au village voisin vendre son fromage. Pour lui, le travail doit être fait tel jour. Et c'est tout. Il a une idée du temps qui passe car les cloches de l'église indiquent les différents moments de la vie relieuse. Matines, primes, laudes, etc.  sont sonnées par la cloche de l'église et sont autant d'indications pour la population. C'est le coq qui sert de réveil. Il en est de même dans les villes.

Mais une invention a bouleversé l'ordre du monde.  L’avènement du chemin de fer, et la multiplication des liaisons entre les grandes villes, a imposé d'utiliser une heure une même heure partout dans le pays, sinon il aurait été impossible d'éditer des indicateurs fiables, d'avoir des trains à l'heure, etc. Il y eu même une temps, au début, où l'heure affichée dans les gares était en avance de 5 minutes sur l'heure réelle, les trains partant eux à l'heure réelle. Pour la France, l'heure choisie fut celle du méridien de Paris, puis celle du méridien de Greenwich. Je ne parlerai pas des heures d'hiver et heures d'été, ou des accidents tels que l'heure allemande.

Note: 


1 Un système de numérotation positionnel désigne un système de numération dans lequel chaque chiffre utilisé a une valeur qui dépend de sa position, chaque position correspondant à une puissance du nombre de base, comme le système à base 10 usuel. Ainsi un nombre comme 123  est égal à 1 fois 100 plus deux fois 20 plus 3 fois 1, par opposition à un système additif où les chiffres utilisés doivent être additionnés pour connaître la valeur du nombre. Le système de chiffres romains est un système additionnel évolué (dans le sens où, par exemple, IX signifie 9, on a soustrait 1 à 10 car le I est avant le X) , dans lequel notre nombre 123 est écrit CXXIII: Il faut additionner 100 (C) 2 fois 10 (X, écrit 2 fois) et trois fois 1 (I écrit 3 fois)



Vallon sur Gée

 

Extrait du Dictionnaire géographique et administratif de la France
 et de ses colonies. VII. Se-Z

publié sous la direction de Paul Joanne 
publié de 1890 à 1905
page 5070
Gallica

Vallon sur Gée, à l'époque qui nous , intéresse, c'est à dire vers la fin du XIXe siècle, est une petite ville de la Sarthe, proche de Loué. Elle est peuplée à cette époque de 926 habitants selon le Dictionnaire géographique e administratif de la France et de ses colonies (voir extrait ci-contre). La population actuelle est de 782 habitants (selon wikipedia)

C'était donc une bourgade un peu plus peuplée à cette époque que de nos jours. 
La population n'était donc pas trop grande à cette époque, mais le village disposait tout de même de deux écoles publiques, une de garçons et une filles très vraisemblablement, d'un hospice équipé de 16 lits pour accueillir les anciens ne pouvant pas vire seuls en raison de leur grand âge ou de leurs infirmités. La commune disposait aussi de services publics. Le dictionnaire cité plus haut mentionne une perception, une poste, un notaire et une gendarmerie à pied à laquelle était affecté  Adolphe Bleu
Un certain nombre de fêtes tout au long de l'année, et les jeudis, jours de marché, il y avait certainement plus de monde en ville et plus de travail pour les gendarmes affectés en ce lieu. 

Vallon sur Gée était sur la ligne de tramway  du Mans jusqu'à Saint-Jean-sur-Erve, ligne unique à voie métrique, et unique. La ligne faisait  56 km, dont 52 km dans la Sarthe et 4 km dans la Mayenne. Vallon sur Gée était qu kilomètre 27, ce qui devait la mettre à une heure du Mans (c'est une hypothèse). Par contre je ne sais pas en quelle année il a été mis en service, sachant que la décision de construction s'est faite dans les année 80 (du XIXe siècle, pas les notres !!)

Ci-dessous, quelques images de Vallon sur Gée, glanées au fil d'internet,en attendant de dégoter quelques carte postales anciennes et d'aller y faire un tour prendre mes propres photos

    















Une journée avec nos ancêtres paysans

Dans les campagnes, la vie était marquée par le rythme des saisons et des tâches agricoles, le marché hebdomadaire et la messe dominicale. J'en ai déjà parlé dans de précédents articles. Des fêtes périodiques, bien souvent annuelles et presque toujours religieuses s'invitaient dans le déroulement ancestral de l'année.

Un autre tempo rythmait la vie des paysans,  celui, immuable depuis la nuit des temps, des tâches quotidiennes. 

Une journée typique reflétait une routine intense mais cohérente, où chaque moment était dicté par le travail de la terre.


Le départ pour les champs


La journée commençait bien avant l’aube. Les paysans se réveillaient au chant du coq et commençaient
par raviver ou allumer le feu pour chauffer la maison. La mère de famille préparait   un repas frugal à l'aide de ses filles lorsqu'elle en avait, de la grand mère si elle habitait avec la famille et en était encore capable,  : pain, lait, soupe, voire même cidre ou vin . Ce moment était souvent le seul de la journée, à part la veillée, où la famille se retrouvait brièvement ensemble.


Eux aussi partent travailler




Les hommes partaient travailler dans les champs. Les jeunes garçons participaient au travail très jeunes et accompagnaient leurs aînés. Equipés de leurs araires, charrues, faux et autres outils, menant leurs bêtes de trait, bœuf ou cheval,  ils labouraient, semaient, récoltaient ou entretenaient les cultures. Il arrivait souvent qu'un paysan aie à s'occuper de plusieurs parcelles. La sienne s'il était propriétaire, et d'autres qu'il pouvait avoir en fermage s'il en avait les moyens financiers. Ou bien une ou deux parcelles qu'il louait, bien évidemment éloignées les unes des autres !  Aussi un jour allai-il travailler ici avec ses garçons et ses employés, l'autre jour ailleurs. Et s'il avait fini chez lui, il pouvait aller aider d'autres paysans du village.


L’effort était constant tout au long de la journée. Seule une courte pause pour un repas  que la mère avait préparé et qu'il avait amené divisait la journée en deux parties. Ce repas lui aussi était assez frugal, souvent composé de fromage, de charcuterie , de pain et de cidre ou de vin.

Ne possédant souvent pas de montre, seule la course du soleil dans le ciel et les cloches de l'église du village pouvait donner au paysan une indication sur l'avancement de la journée.


Pendant ce temps, les femmes s’occupaient du potager, de la basse-cour et des tâches domestiques. Elles transformaient le lait en beurre, filaient ou tissaient. Les filles participaient aux travaux domestiques des leur plus jeune âge, et toutes surveillaient les enfants les plus jeunes encore incapables de travailler. 

La pause déjeuner
Fond Georges Maroniez
Gallica

Par moment, les paysans se déplaçaient au village, mais ces occasions étaient rares. Elles brisaient quelque peu le rythme journalier mais permettait d'échanger avec les voisins. 

Le coucher du soleil marquait la fin des travaux en extérieur. A ce moment, les volailles avaient rejoint le poulailler, le paysan avait conduit les bêtes à l'étable ou à l'écurie. Il est des époques où il ne fallait pas traîner dehors la nuit!

C'était alors l'heure du dîner, préparé par les femmes pendant l'après midi. Le repas était simple, mais nourrissant, comportant soupe et pain, commençant après une prière. Le chef de famille pouvait profiter du repas du soir pour parler de la journée à venir, des plans d'avenir,  sermonner ou féliciter un de ses fils ou de ses domestiques qui l'aurait mérité. Bien souvent, la mère de famille servait les hommes et se tenait à l'écart de la table. Dans ce cas, les femmes dînaient à part.

Suivait la veillée au coin de la cheminée, éclairée chichement par le feu et une chandelle. C'était l'occasion de transmettre à la famille les nouvelles entendues lors des déplacements au village, de raconter les histoires de la famille ou les légendes locales. 

La veillée était un moment de convivialité entre tous les membres de la maisonnée. Parfois même "mutualisée" elle se déroulait par roulement dans les deux ou trois maisons qui composaient le hameau lorsque la ferme n'était pas complètement isolée. La veillée devenait alors un moment de rencontre pour les jeunes gens.

Enfin, on ne se contentait pas de raconter et d'écouter des histoires. La veillée permettait à la famille de s'adonner à différentes formes d'artisanat. Les longues soirées d'hiver permettaient de réparer les outils, de tisser, de faire de la vannerie et quantité d'autres activités.

Nos ancêtres ruraux vivaient en symbiose avec leur environnement, maîtrisant les cycles naturels et recyclant chaque ressource. 

Leur mode de vie a  été la source de nombreuses traditions et valeurs encore présentes dans nos sociétés modernes, bien qu'amoindries. Il demeure un témoignage précieux d'une époque où la vie quotidienne suivait les rythmes simples mais essentiels de la terre.


Tisserands

Le tisserand
Wentzel, Jean Frédéric (1807-1869)
1847
Gallica

Après avoir parlé des dentellières, des fileuses et des filature, il est temps de intéresser un peu au
x tisserands, que l'on retrouve un peu dans toutes les ascendances. Je parlerai de ceux de mes ancres qui étaient tisserands dans un billet ultérieur. Aujourd'hui, nous nous préoccupons de leur métier.


Les tisserands occupent une place particulière dans l’histoire des sociétés. Leur  métier est ancestral et a marqué l’évolution économique et culturelle de nombreuses civilisations. Ces artisans du textile, ont joué un rôle déterminant dans le développement des groupes humains, de l’Antiquité à l’ère industrielle. 

 Tisserand du Val de Liepvre
 Lix, Frédéric Théodore. Illustrateur
Hachette, 1899
gallica
On rencontre des tisserands dès la préhistoire. Les hommes d'alors commencèrent à utiliser des  fibres végétales pour la fabrication  de tissus rudimentaires. Les civilisations antiques,  en Égypte, en Mésopotamie et en  Chine, ont perfectionné les techniques primitives pour produire des textiles de grande qualité. Ces étoffes étaient souvent utilisées comme monnaie d’échange ou symbole de richesse.

Dans les sociétés européennes médiévales, les tisserands étaient des artisans essentiels. Ils se regroupaient
souvent en corporations ou guildes afin de protéger leur savoir-faire, et de le transmettre à  leurs apprentis. Les fibres comme le lin, la laine et, plus tard, le coton étaient transformées à la main sur des métiers à tisser rudimentaires.


Tisserand en Flandre
1695
Gallica

La technique de tissage repose sur l’entrecroisement de fils de chaîne (tendus sur le métier à tisser) et de fils de trame, créant ainsi des tissus variés selon les besoins et les goûts. Les métiers à tisser, simples au départ, ont évolué au fil des siècles. À l’époque médiévale, le métier vertical était courant en Europe, puis les métiers horizontaux dominèrent dès la Renaissance.

L’avènement du métier à tisser mécanique (invention du métier Jacquard en
tre autres,  début du XIXe siècle ) révolutionna le métier. Ce dispositif permettait de produire des motifs complexes automatiquement, réduisant la nécessité d’un travail manuel intense mais provoquant aussi la disparition progressive des tisserands indépendants, qui furent remplacés par des salariés travaillant dans des conditions difficiles pour de bas salaires.


Au Moyen Âge, le tissage était une activité clé dans les économies locales. Les tisserands travaillaient à domicile ou dans de petits ateliers, souvent en famille. Le commerce des textiles stimulait les échanges régionaux et internationaux. Par exemple, les draperies flamandes du XIIIe siècle étaient réputées dans toute l’Europe.

Georges Maroniez (1865-1933)
Photographie prise probablement au Caire.
Tisserand au coin d'une rue 
Gallica


L’industrialisation des XVIIIe et XIXe siècles a bouleversé cette dynamique. Les tisserands traditionnels ont dû faire face à la concurrence des manufactures mécanisées qui les ont rapidement supplantés, et remplacés, comme évoqué plus haut, par une main d'oeuvre mal payée et sur exploitée.  Cela a provoqué des conflits sociaux importants, tels que les révoltes des Canuts à Lyon (plusieurs soulèvements entre février 1831 et 1834) lorsque les ou
vriers du secteur réclamèrent de meilleures conditions de travail.

Chaque région a ses propres traditions textiles, avec des motifs, des couleurs et des techniques spécifiques. En France, par exemple, la région de Lyon s’est distinguée par sa soie, tandis que la Bretagne produisait des tissus en lin et le Nord des draperies.

Si le tisserand traditionnel a largement disparu dans les pays industrialisés, son héritage perdure grâce à l’artisanat et aux mouvements de valorisation des savoir-faire locaux. Dans certaines régions du monde, comme en Inde ou au Pérou, le tissage artisanal reste une activité économique importante.


Les tisserands ont contribué à façonner non seulement des tissus, mais aussi des histoires et des identités culturelles. Leurs outils, leurs productions et leurs récits demeurent une richesse inestimable pour les historiens et les amateurs de patrimoine, et leur mémoire continue de tisser des liens entre le passé et le présent.

Dans un article à venir je parlerai de Jacques, Joseph LAFFEZ  (1738- avant 1819 ) , ouvrier drapier à Lille

Signatures et marques personnelles


Les signatures et marques personnelles sont des marqueurs d'identité et de distinction qui permettent en quelque sorte d’authentifier, d'approuver un document par le propriétaire de la signature ou de la marque. 

La signature de Théodore Jules LAFFEZ
sur son acte de mariage en 1880 à Vannes
Pour la partie patronyme, la mienne ressemblait beaucoup à cela
il y a près de 40 ans, et avant
d'avoir vu celle-ci
Ces éléments deviennent des marqueurs d’identité, de transmission et de distinction au fil des générations. Les signatures manuscrites, par exemple, figurant dans les actes notariés, registres paroissiaux ou documents d'état civil, offrent un aperçu direct de la personnalité ou du niveau d'éducation de n
os ancêtres. Ces traits peuvent même révéler des indices sur leur région d'origine ou leur métier. Certaines signatures peuvent parfois même se retrouver presque à  l'identique pour deux individus de la même lignée. 

La signature de Noël ROUSSEL voisine avec
la marque de Guillemine HAMMAR
sa seconde épouse, au basde leur
acte de mariage en 1680
à Beaulandais, Orne


Les marques personnelles, quant à elles, s"expriment souvent sous la forme de blasons, de devise, de surnom ou encore d'habitudes culturelles transmises de génération en génération. Ces éléments étaient parfois codifiés pour marquer l’appartenance à une communauté spécifique ou pour souligner un statut social.

 En France, par exemple, les surnoms ont souvent évolué en noms de famille (comme "Roncin," qui signifie en ancien français "cheval de charge") 

Les signatures et marques personnelles ne sont donc pas uniquement des éléments esthétiques: Ce sont des des marqueurs de la personnalité et de l'instruction de ceux qui les apposent au bas des documents officiels auxquels elles sont destinées. Elles sont des indices précieux dans l'histoire d'une famille et permettent de comprendre un tout peu mieux l'identité des anciens qui nous ont précédés.


Le sceau de Charlemagne
Archives départementales de l'Aude



Rythmes saisonniers

Dans les temps passés, avant la révolution industrielle, la vie s'organisait en fonction de deux rythmes distincts, hebdomadaire et annuel.

Le premier, ponctué essentiellement par la messe dominicale et le marché hebdomadaire, est commun aux campagnes et aux villes. En effet, que ce soit dans les villages ou les grandes cités, le marché offre l'opportunité aux paysans d'écouler leur production et aux citadins de se fournir en produits frais, même si des épiceries, boucheries, charcuteries, boulangeries et autres commerces de bouche sont présents en ville.. Les deux modes d'approvisionnement n'étaient pas incompatibles, tout comme aujourd'hui. Quant à la messe, il était assez mal vu de ne pas y paraître. Les seuls à n'avoir pas obligation de fréquenter les église étaient les membres des autres religions, qui selon les périodes, pouvaient vivre au grand jour ou devaient se cacher. La révolution a assoupli cette obligation morale qui a pu demeurer vivace par endroit pendant encore longtemps.

Le rythme annuel par contre n'était pas le même en ville et à la campagne. Si les fêtes religieuses demeurent les mêmes, il se greffe à cela des événements différents que l'on habite en campagne ou en ville.

Ainsi, dans les campagnes, la vie était organisée selon le rythme des cultures ou des élevages. Pour les cultivateurs se succédaient la saison des labours, suivie des semailles et finalement de la moisson où ils récoltaient le fruit de leur travail annuel. Dans le même ordre des choses, l'éleveur devait composer avec la période des saillies, la gestation, la mise bas, la transhumance, etc.

Tous ces événements donnaient souvent lieu à des célébrations, des festivités, intervenant à intervalles plus ou moins régulier. La fête des moissons, la bénédiction des bêtes avant la transhumance étaient autant de marqueurs temporels dans la vie de nos ancres paysans.

A cela pouvaient aussi s'ajouter une foire annuelle, par exemple une foire aux bestiaux pour la revente d'une partie du cheptel.

Bien entendu, dans les villes, dès lors qu'elles furent suffisamment importantes pour perdre définitivement tout caractère rural, il ne fut plus question  de tenir compte d'une période de labour ou de transhumance animale. Il ne resta aux citadins que les fêtes religieuses communes, dont Pâques était la plus importante, et les foires.

La foire de Gondreville
Jacques Callot, graveur
Entre 1621 et 1625
Gallica
Ces foires, attiraient les populations locales et les visiteurs des régions voisines. Au-delà de leur fonction commerciale, elles servaient aussi de lieux de divertissement, avec des spectacles et des activités récréatives. Elles permettaient aussi de distinguer les exposants lorsque leurs produits étaient d'excellence.


L'importance des foires et celle des marchés étaient telles que bien souvent ces événements ont perduré jusqu'à nos jours, et que d'autres moins anciens ont été créés au moment de l’essor des villes

A titre d'exemple:

La braderie de Lille




La braderie de Lille
, le plus grand marché aux puces d'Europe, tient son origine dans la foire de Lille, attestée dès 1127, qui a changé plusieurs fois de nom et de forme au cours du temps, mais qui est toujours là.

 Les quatre jours du Mans, foire annuelle créée en 1929, succédant à des foires moins régulières existant depuis 1836 qui venaient elles même en remplacement de foires agricoles diverses.

La foire de Paris, depuis 1929 

Le marché de l'Aigle
Collection personnelle

Le marché de l'Aigle
, qui se tient tous les mardis matins, et ce depuis le moyen âge, du Xe ou XIe siècle. On raconte  qu'à cette époque, afin que les gens venant à pied ne se perdent pas dans le brouillard (et il y a en a, j'en sais quelque chose, habitant à côté!) on faisait sonner les cloches de l'église

    « Tous les mardis matins, il y a dans la ville de L’Aigle un marché où l’on vend des légumes, du beurre, des œufs, du fromage, des fruits et autres choses excellente » (Comtesse de Ségur, dans les malheurs de Sophie)




Qu'est-ce qu'un chicoretier

Un chicoretier (ou chicoratier) était un ouvrier ou un artisan spécialisé dans le traitement de la chicorée, une plante utilisée pour fabriquer un succédané de café. La chicorée, une fois séchée et torréfiée, pouvait être moulue et consommée comme une boisson de substitution au café, populaire notamment en France.

 Le chicoretier était donc un des ouvriers intervenant dans la préparation de la chicorée pour sa consommation, spécialisé dans la torréfaction. 

C'est le métier attribué à Alfred Victor LAFFEZ, sont il a été plusieurs fois été question sue ce blog.

Le terme chicoretier désigne aussi l'industriel dont l'activité est la transformation de la racine de chicorée en grains ou poudre de chicorée et sa revente. 

Annonce d'emploi
Le matin 03/0601915
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Ce métier, dont on n'entend plus parler, a connu un développement important au cours du 19e siècle, en raison du blocus continental, dont l'application à impliqué la raréfaction du café et la hausse de son prix. 

Les périodes de guerre sont aussi des périodes propices à sa consommation, toujours en raison des pénuries de café. Le recrutement ne devait pas être facile en période de conflit, la majorité des ouvriers étant partis au front.

Fabrique de chicorée de Charles Hecht, à Strasbourg
1850
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De plus,  la chicorée apporte des fibres utiles à la digestion et en cas de constipation passagère. Elle contient notamment une fibre soluble fermentée par les bactéries présentes dans le microbiote, l'inuline, dont l'effet prébiotique soutient la flore intestinale". Elle est riche en minéraux, soutient le fois, est source d'anti oxydant et sans caféine. Cela pourrait lui apporter un regain d’intérêt, 

Historiquement, les égyptiens en consommaient déjà il y a 3600 ans comme plante digestive et dépurative. Au  moyen age on l'utilise en Europe comme plante médicinale (recommandée par Charlemagne par exemple, dans le capitulaire "De villis")

L'utilisation comme succédané de café remonte, elle, à la fin du XVIIe siècle et au XIXe, en raison de la

Publicité de 1911
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révolution française et  du blocus continental. D'abord présente aux Pays bas, sa culture se repend dans le nord de l'Europe: Nord de la France, Allemagne, Angleterre


Plusieurs étapes sont nécessaires à la préparation de la boisson:

La racine de la plante est utilisée.

1) Transformation en cossettes:  Les racines sont lavées et débités en lamelles 

2) Séchage: Il peut être fait à l'air libre, ou encore dans un hangar

3) Torréfaction: Les cossettes sont grillées à 150°

4) Concassage: Les cossettes sont réduites en grains ou en poudre selon les besoins

5) Le conditionnement


Si on désire de la chicorée soluble, une étape supplémentaire est nécessaire, l'extraction.


Certains chicoretiers sont aussi des escrocs
L'humanité. 23 juin 1938
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sources 

Wikipedia : Sur la chicorée industrielle (boisson)

Wikipedia: Sur la plante

Illustrations: Gallica

Petit portrait de Challes

 

Entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe, Challes, village proche de Parigné l'Evêque et du Mans, dans la Sarthe était un exemple typique des petites communautés rurales qui parsemaient la France de cette époque.
L'agriculture dominait l'activité économique, comme presque partout ailleurs, mais une activité artisanale
La tannerie de Challes

le complétait. La tannerie de Challes en est un exemple. Notre aïeul Auguste Roncin y travailla un temps. Les tanneries étaient des établissements indispensables à cette époque où l'usage du cuir était omniprésent dans la vie quotidienne. 

L’exploitation de la tannerie employait de nombreux ouvriers qualifiés dans les différentes étapes du traitement des peaux animales, transformant celles-ci en cuir destiné à l'industrie manufacturière et militaire. En l'absence de mécanisation avancée comme on la connaît aujourd'hui, le travail y était ardu et nécessitait une main-d'œuvre importante. Le cuir  produit trouvait des débouchés dans divers secteurs, comme la sellerie, la bourrellerie, la maroquinerie et l'équipement militaire.

Comme toutes les industries du pays,  la tannerie de Challes prit certainement sa part à   l’effort de guerre lors de la Première Guerre mondiale, en fournissant les cuirs nécessaires aux équipements des chevaux et au brelage des soldats.  En effet, à partir de 1914, avec la mobilisation générale et les besoins croissants en matière d'équipement militaire, la tannerie et les autres ateliers similaires ont intensifié leur production pour soutenir le front. 


Pendant ce temps, les jeunes hommes du la commune se retrouvèrent au front. Un certain nombre fut mobilisé dans le 117ème régiment d'infanterie, comme Paul LAFFEZ, mon arrière grand père, qui était de Parigné l'Evêque, tout à côté de Challes. Certain n'en revinrent pas, comme Modeste Roncin, un cousin de la famille, qui est mort en héros en 1916, et avait rejoin le régiment le même jour que Paul. Sa mémoire, comme celle de nombreux autres jeunes soldats de Challes tombés pendant la guerre, reste vivante dans les souvenirs de la communauté. La perte de tant de jeunes ( 45 noms sont gravés sur le monument commémoratif des morts de la première guerre mondiale, pour une population de 1117 habitants en 1911, et on ne parle même pas des blessés)  a eu un impact considérable sur la commune, laissant des familles endeuillées et une main-d’œuvre diminuée, tout en imposant une réalité difficile à la vie quotidienne de ceux restés au village.

En dépit des vicissitudes de la guerre et des transformations progressives des métiers artisanaux, Challes a réussi à préserver une partie de son identité et de ses traditions. Le village illustrait bien les défis et la résilience de nombreuses communautés rurales en France, face aux évolutions industrielles, aux conflits mondiaux et aux transitions économiques

Outils du cordonnier

J'ai parlé il y a quelques jours des auberges du XIXe siècle et de Casimir LAURENT qui en tenait une avec sa femme. Mais ce n'était pas son métier premier. Tous au long de sa vie, il a été qualifié de cordonnier dans les actes d'état civil, avec deux exceptions parmi ceux que je connais, qui renvoient à l'activité d'Aubergiste. 


Le cordonnier
Estampe par
Guérard, Henri (1846-1897)
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Il ne faut pas voir le cordonnier de l'ancien temps comme un ouvrier dont le travail consistait à réparer des   chaussures. Car ce n'était pas sa seule occupation. Son travail  consistait autant en la fabrication   que la fabrication de souliers, de bottes, et de n'importe quel type de chaussure. Son savoir faire, complet, lui permettait de réaliser de ses propres mains toute la chaussure. Il taillait le cuir, le cousait, le polissait, le plus souvent seul dans son atelier, protégé par un tablier de cuir. 

Pour travailler, il utilisait un petit nombre d'outils, dont certains sont énumérés ci-dessous


  1. Pince à tendre : utilisée pour tendre le cuir pendant les étapes de couture, elles permettent de le maintenir en place avec précision et de s'assurer qu'il est bien ajusté.
  2. Emporte pièce : un outil permettant de perforer le cuir, notamment pour créer les trous pour les lacets ou faire des boutonnières .
  3. Alênes : Il s'agit de grosses aiguilles avec manches en bois utilisées  pour percer des trous avant de coudre les semelles et les parties supérieures de la chaussure, aidant à guider le fil dans le cuir sans le déchirer.
  4. Marteau à clou ou de cordonnier : pour enfoncer les clous et affiner le cuir en martelant les coutures, pour garantir leur durabilité.
  5. Formes en bois ou « fers » : pièces sur lesquelles le cordonnier pose la chaussure pour l’assembler et la façonner, permettant de lui donner la forme souhaitée .
  6. Couteaux es : utilisés pour couper le cuir avec précision et le gratter pour affiner les coutures.

Équipé de ces outils indispensables, et d'autres moins représentatif, le cordonnier pouvait créer des chaussures à longue durée de vie.


Pince à tendre du XIXe siècle




Alène





Forme

















Un cordonnier à l'ouvrage. XIXe siècle

Noël, la nativité dans le passé


Chez les peuples païens qui ont précédés les chrétiens en Europe, le solstice d’hiver, autour du 21 décembre,  marqué par la nuit la plus longue de l’année. était perçu comme  un renouveau: le moment où les jours allaient progressivement s’allonger, annonçant le retour du soleil,  de la lumière et, à terme, celui des beaux jours.. De nombreuses cultures célébraient ce moment de l'année avec des festivités destinées à encourager le retour du soleil, comme par exemple les Saturnales de la Rome antique et le Yule des régions nordiques.


    Les Saturnales romaines

Les Saturnales, célébrées entre le 17 et le 24 décembre, fête en l'honneur du dieu Saturne, symbole de l'agriculture et des récoltes, étaient marquées par de grandes festivités, des banquets et des échanges de cadeaux. Pendant cette période, la hiérarchie sociale était temporairement renversée : les esclaves prenaient la place de leurs maîtres, et les règles de la société étaient suspendues.


    Le Yule


Ceci n'est bien entendu qu'un échantillon des traditions ayant existé dans l'antiquité pour marquer le solstice d'hiver.

Chez les peuples germaniques et scandinaves, Yule marquait le retour de la lumière et célébrait la renaissance du dieu soleil. Les traditions de Yule incluaient des feux de joie, la décoration des maisons avec du houx, du lierre, et du gui, symboles d’immortalité et de protection. De copieux  festins permettaient aux gens de se réunir. Certains de ces  éléments se retrouveront dans les célébrations de Noël, notamment les feux de cheminée et les décorations vertes et rouges.



L'Église chrétienne a commencé à célébrer la naissance de Jésus au IVe siècle, choisissant le 25 décembre pour coïncider avec les festivités païennes du solstice d'hiver. Ce Le choix de cette date avait pour but essentiel de pour faciliter la conversion des peuples païens en leur proposant une célébration Chrétienne en lieu et place des festivités anciennes que l'on voulait effacer. Noël devint ainsi la fête de la Nativité, commémorant la naissance du Christ, et se propagea rapidement  dans tout l'Empire romain et au-delà.

Pour rendre cette transition plus fluide, de nombreux symboles et usages païens furent incorporés dans les célébrations de Noël. Par exemple, l'usage de feuillage vert pour décorer les maisons durant les Saturnales et Yule fut intégré aux coutumes de Noël, sous la forme de couronnes de houx. L’idée de lumière symbolisée par des feux de joie et des chandelles représentait désormais Jésus comme "la lumière du monde".

La figure de Saint Nicolas a également joué un rôle important dans la formation des traditions de Noël. Nicolas de Myre, un évêque de l'actuelle Turquie au IIIe siècle, est devenu célèbre pour sa générosité envers les enfants et les pauvres. Sa fête, célébrée le 6 décembre, était marquée par des histoires de miracles et de bienfaits, et les enfants recevaient de petits cadeaux en souvenir de sa bonté.

Les traditions liées à Saint Nicolas se sont répandues rapidement en Europe. Elles ont évolué, surtout aux Pays-Bas et en Allemagne. Dans ces régions, Saint Nicolas est devenu le personnage central des célébrations hivernales, parfois représenté accompagné de créatures mythologiques comme le Père Fouettard, une figure menaçante rappelant aux enfants de bien se comporter. Ce personnage influencera plus tard la création du Père Noël aux États-Unis, lorsque les colons néerlandais y apportèrent leurs traditions.

Avec la montée de la chrétienté, Noël s’est diversifiée en Europe, chaque région ayant développé ses propres traditions :

Les marchés de Noël en Europe centrale

 Les marchés de Noël sont apparus au XIVe siècle en Allemagne, puis ont progressivement gagné d’autres régions d’Europe. Ils étaient, et sont encore, l'occasion pour les habitants de se procurer des aliments festifs et des cadeaux pour leurs proches.

Les chants de Noël 

Les chants de Noël  ont d’abord été des chants païens pour le solstice d'hiver. Ils furent ensuite adaptés pour la célébration de  la Nativité. Ces chants prenaient place dans des festivités communautaires et apportaient une atmosphère joyeuse à la saison. Ci dessous, un chant de Noël du XVe siècle, tiré de la discothèque de la BNF



Chantons, je vous en prie. Noël traditionnel du XVIe siècle - Gallica
à retrouver ici

Les crèches vivantes en Italie

En Italie, les crèches vivantes se développèrent sous l’impulsion de Saint François d’Assise au XIIIe siècle. Cette tradition visait à représenter la scène de la Nativité avec des personnes en costumes et des animaux, afin d’incarner l'histoire de la naissance du Christ pour les fidèles.

Autres traditions

Elles sont nombreuses, héritières des périodes passées ou innovations de l'église. Citons simplement parmi d'autres le sapin de Noël, le repas de Noël, les décorations de houx, les trois de tradition païenne, les crèches dans chaque foyer et la messe de minuit, innovations Chrétiennes


La fée sucrée ou La nuit de Noël (2e édition)
par Mlle Adèle de Nouvion - 1860
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Le Père Noël, tel qu’on le connaît maintenant, résulte d'une évolution historique et culturelle complexe plutôt qu’une invention unique. 

Le Père Noël puise son origine dans Saint Nicolas, dont on a parlé un peu plus haut. Il est à l'origine des traditionnelles de distributions de cadeaux.

En migrant aux États-Unis avec les colons néerlandais, la figure de Saint Nicolas (Sinterklaas) est devenue "Santa Claus". Au XIXe siècle, le poème A Visit from St. Nicholas (1823) de Clement Clarke Moore popularise le personnage, en lui donnant une apparence joviale, avec une barbe blanche et un costume rouge, et le décrivant comme voyageant en traîneau.

Dans les années 1930 enfin, la marque Coca-Cola contribue à la standardisation de l’image actuelle du Père Noël avec des illustrations de l’artiste Haddon Sundblom, ancrant son apparence iconique en rouge et blanc, couleurs de la marque.

Noël dans une famille - 1926
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Le Père Noël est donc une figure issue de plusieurs influences culturelles et commerciales qui ont évolué au fil des siècles.
Ainsi, Noël tire ses racines profondes des fêtes et célébrations du solstice d'hiver qui existaient depuis des siècles, et même probablement depuis des milliers d'années, avant l'ère Chrétienne. Puis elle a évolué, les églises Chrétiennes reprenant à leurs comptes les traditions ancestrales, les transformant pour correspondre à leurs aspirations et les complétant avec leurs propres traditions. Depuis un siècle une autre transformation s'opère et la fête de Noël perd petit à petit de son caractère divin pour devenir profane et commerciale.





Zestes de vie

Il est assez compliqué de connaitre plus que des informations de base sur nos ancêtres. Mais avec un peu de chance on peut prendre connaissa...