La plus part d'entre nous a pour ancêtres une majorité de paysans et d'habitants des campagnes. Bien
qu'une de mes branches ancestrales soit composée de citadins, habitant Lille ou Roubaix, il n'en reste pas moins que le monde rural forme l'immense majorité de mes aïeuls, comme tout le monde.
La moisson, Bouzonnet-Stella, (1641-1697) Jacques Stella (1596-1657) Bibliothèque municipale de Lyon |
qu'une de mes branches ancestrales soit composée de citadins, habitant Lille ou Roubaix, il n'en reste pas moins que le monde rural forme l'immense majorité de mes aïeuls, comme tout le monde.
Le monde rural est, depuis que l'être humain a développé l'agriculture, soumis au rythme des saisons et aux contraintes climatiques. La vie d'un paysan, depuis la nuit des temps, est structurée autour du cycle labours (fin de l'hiver, début de printemps) , semailles ( au printemps) , moissons (fin de l'été), les périodes de réalisation de ces étapes variant en fonction de la région, de la culture envisagée et de la météo.
Bien que ces étapes soient toutes importantes et indispensables, la moisson était, dans les temps anciens, un moment clé du cycle agricole. La moisson était, et reste le moment où le paysan est récompensé de ses efforts. D'autres travaux complétaient d'ailleurs ces opérations. Le désherbage et l'entretien des parcelles après les semis, afin de supprimer les plantes pouvant concurrencer les plantations, le battage après la récolte, permettant de séparer le grain des chaumes qui forment ensuite la paille, le stockage des fruits de la récolte (voir par exemple la relation faite par le curé de Feings du grand hiver et dans laquelle à la ligne 43 il parle du lopin de terre faisant partie du trésor de son église.
La moisson, ou 3e vue des Flandres Le Bas, Jacques-Philippe (1707-1783). Graveur Teniers, David (1610-1690). Peintre du modèle Gallica |
La saison des moisson signifiait des journées de travail longues et fatigantes, pour le village entier, car si la terre était en grande partie travaillée par la classe paysanne, il n'était pas rare que les artisans possèdent un lopin de terre qu'il mettaient en culture. Il en était de même du curé qui pouvait avoir à disposition un bout de terrain destiné à subvenir à ses besoins.
Avant l'arrivée des premières moissonneuses au XIXème siècle, le travail de la moisson reposait entièrement sur l’effort physique. Les paysans utilisaient la faucille pour couper les céréales, outil rudimentaire mais efficace pour récolter les tiges à la main. La faux, plus large, était aussi utilisée, particulièrement pour les grandes étendues, bien que son maniement demande de l’expérience et de la force.
Ce travail difficile et devant être réalisé en un temps assez court, c'est à dire dès la maturité des récolte, et avant que celles-ci ne commencent à dépérir, il était fréquemment réalisé en commun. Ceux dont les récoltes étaient plus tardives aidaient ceux dont les récoltes étaient plus précoces, et réciproquement. Les saisonniers de l'époque, c'est à dire les journaliers avaient là des opportunités de travail et prêtaient leur concours à la récolte contre un salaire où un repas. Pour ne pas perdre de temps, le travail débutait au lever du jour et pouvait durer jusqu'au coucher du soleil, une pause permettant de se restaurer et de se protéger des trop fortes chaleurs de l'été coupant la journée. Cela fournissait d'ailleurs une occasion aux jeunes gens pour se mesurer entre eux, sous le regard des jeunes filles présentes aussi "sur le chantier", toute la communauté étant présente. Certains pour faucher les blés, d'autre pour former les gerbes, les transporter. Quelques femmes préparaient le repas pris en commun après la journée de travail, portaient des rafraîchissements et des casse croûtes aux travailleurs
Les moissons constituaient un moment vital pour les populations des campagnes, où l’agriculture représentait la principale source de subsistance. Le blé, l’orge, le seigle et l’avoine, parmi d’autres céréales, formaient la base de l’alimentation. Elles permettaient (et le permettent toujours) la production de farine et de pain, aliment de base en Europe avant l'arrivée de la pomme de terre, de nourrir le bétail et les volailles, de fournir la paille pour la litière des bêtes, les matelas ou la garniture des lits et des sabots. Une récolte abondante signifiait la sécurité pour l'année à venir, de la nourriture pour la mauvaise saison, alors qu'une récolte médiocre signifiait la famine et la misère, avec son lot de dommages collatéraux, comme les épidémies ravageant les populations affaiblies plus facilement
A la fin des moissons,une fois les tiges séchées, rassemblées en gerbes et séchées, elles étaient battues au fléau pour séparer le grain de la paille. Cette opération elle même était longue et difficile, mais elle signifiait la fin de la moisson
Joueur de Veuze |
Ces festivités avaient une dimension religieuse, incarnée par une messe ou une procession où même les deux, chaque village ayant sa propre tradition. Il n'était pas rare de sortir le Saint patron du village de son église pour le promener à travers champs. Une fois ce devoir accompli venait le moment de la fête et d
u festin. Viandes, produits frais et pain formaient un repas copieux pour l'occasion, arrosé de vin, de cidre ou de bière selon l'endroit, et agrémenté de danses au son des vielles à roues, accordéon ou autres veuzes (1) .
u festin. Viandes, produits frais et pain formaient un repas copieux pour l'occasion, arrosé de vin, de cidre ou de bière selon l'endroit, et agrémenté de danses au son des vielles à roues, accordéon ou autres veuzes (1) .
Ces célébrations des moissons constituaient un moment de partage et de renforcement des liens sociaux.
Note:
1: La veuze est un instrument de musique de la famille des cornemuses, jouée en Vendée
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire