Filatures

 Dans  un précédent article, j'avais évoqué le travail des fileuses. L'avais évoqué les fileurs travaillant à domicile ou manuellement dans des fabriques. La fin du XVIIIeme siècle et le XIXeme ont vu l'industrialisation de la fabrique de fils et de tissus et le développement d'usines.

J'évoquerai donc ici brièvement les filatures, les ouvriers et les ouvrières qui les faisaient tourner.


Filature de coton
Gimpel 1911
plaque de verre 8,5 x 10 cm
Gallica
La première filature de coton française a été créée à Lille en 1815. Il s'agit de l'entreprise Walaert. Il ne s'agit pas encore d'une filature industrielle. Les fleurs et fileuses travaillent à domicile ou dans de petits ateliers. Mais la mécanisation et l'emploi de machines à vapeur pour fournir la force motrice ne tarde pas à s'imposer. Trois ans plus tard, une autre entreprise, l'entreprise Dolfus Mieg, D.M.C. emploie pour sa part près de 4000 personnes, toujours à domicile ou dans de sombres petits ateliers.

Cette compagnie deviendra unes des plus importantes du secteur dans les années qui suivent, grâce au passage au stade industriel. Tout au long du XIXeme siècle le mouvement continue. Le nombre de tisserand diminue, remplacés par des machines à vapeur, qui finiront pas être remplacés par des machines électriques.


Au XIXeme siècle, les conditions de travail sont pénibles. Hommes, femmes et enfants ( Si une fibre vient à se rompre c’est le travail d’un enfant, garçon ou d’un fillette,  de renouer les fils).  la main d'oeuvre qui travaille couramment plus de 13 heures chaque jour, 15 heures sur place avec une demi heure pour déjeuner et une heure pour dîner. Toute absence, ou retard, était sévèrement puni:


Carderie de la filature du Logelbach
Barclay. Illustrateur 1889
Gallica

Extrait du règlement d’une filature de l’Essonne (1828)

« Art. 7. La journée de travail se compose de treize heures ; les heures excédantes seront payées aux ouvriers dans la proportion de leur salaire et dans aucun cas, ils ne pourront refuser un excédent de travail, quand les circonstances l’exigeront, sous peine de deux francs d’amende.

Art. 8. Tout ouvrier en retard de dix minutes sera mis à une amende de vingt-cinq centimes ; s’il manque complètement, il paie une amende de la valeur du temps d’absence.

Art. 9. Une fois entré, un ouvrier ne peut sortir sans une permission écrite, sous peine d’une amende de la valeur de sa journée […]

Art. 11. L’ouvrier qui se présenterait ivre dans les ateliers sera conduit hors de la fabrique, et paiera trois francs d’amende. Il est expressément défendu d’aller dans le cabaret qui est en face de la grille […]

Art. 16. Toute ouvrière qui laverait ses mains ou des effets quelconques avec le savon de la fabrique paiera trois francs d’amende ; si elle était surprise en emportant, elle sera renvoyée et sa paie confisquée.

Art. 17. Il est défendu aux ouvriers de jouer, jurer, crier, chanter, se quereller ou de battre dans les ateliers, manger ou dormir pendant les heures de travail, d’aller en bateau, de se baigner et de courir dans la propriété, sous peine de vingt-cinq centimes à un franc d’amende, suivant la gravité du cas […]

Art. 22. Il est expressément défendu de sortir de l’atelier, sous quelque prétexte que ce soit, pendant les heures de travail, d’aller plus d’une fois par tiers aux lieux, et de s’y trouver plusieurs en même temps, sous peine de vingt-cinq centimes d’amende ; il y a dans chaque atelier une ouvrière chargée spécialement de remplacer celle qui désire sortir ; en conséquence, avant d’arrêter son métier, l’ouvrière soit s’assurer si la remplaçante est libre, et la mettre à sa place avant de quitter, sous peine d’un franc d’amende […]

Art. 24. Quiconque arrêtera son métier sans nécessité, s’habillera avant l’heure, paiera vingt-cinq centimes d’amende. »

Louis Bergeron, L’industrialisation de la France au XIXe siècle, Hatier, p. 36-37, cité dans Jean-Michel Gaillard, André Lespagnol, Les mutations économiques et sociales au XIXe siècle (1780-1880)

(Extrait du blog Histoire d'Antan et d'à présent)


Une machine Mule- Jenny
L'opérateur est un enfant de 12 ans
Textile Mercury newspaper 1892
Domaine public
Comme on le constate en lisant ce règlement, ça ne rigolait pas. Ce type de règlement intérieur était de mise dans toutes les industries de l'époque. On vient de loin !

Le règlement était dur et les conditions difficiles. Les ouvriers se blessaient fréquemment aux mains et aux doigts, en les laissant s’engager dans les roues  d’engrenage de machine à carder ou de la machine à filer. Le graissage et le nettoyage des roues et des engrenages étaient celles les plus susceptibles d'occasionner des blessures aux ouvriers.

De plus, l'emploi de certaines machines exposaient leurs utilisateurs à des maladies professionnelles. Le cancer des fileurs de coton (un cancerdu scrotum) est celles ci. Il a tué près de 500 fileurs de coton entre 1911 et 1938 contre 3 fileurs de laine. Cela est du à la manipulation de la machine Mile Jenny, spécifique à la filature de coton.




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