Qu'est-ce qu'un chicoretier

Un chicoretier (ou chicoratier) était un ouvrier ou un artisan spécialisé dans le traitement de la chicorée, une plante utilisée pour fabriquer un succédané de café. La chicorée, une fois séchée et torréfiée, pouvait être moulue et consommée comme une boisson de substitution au café, populaire notamment en France.

 Le chicoretier était donc un des ouvriers intervenant dans la préparation de la chicorée pour sa consommation, spécialisé dans la torréfaction. 

C'est le métier attribué à Alfred Victor LAFFEZ, sont il a été plusieurs fois été question sue ce blog.

Le terme chicoretier désigne aussi l'industriel dont l'activité est la transformation de la racine de chicorée en grains ou poudre de chicorée et sa revente. 

Annonce d'emploi
Le matin 03/0601915
Gallica

Ce métier, dont on n'entend plus parler, a connu un développement important au cours du 19e siècle, en raison du blocus continental, dont l'application à impliqué la raréfaction du café et la hausse de son prix. 

Les périodes de guerre sont aussi des périodes propices à sa consommation, toujours en raison des pénuries de café. Le recrutement ne devait pas être facile en période de conflit, la majorité des ouvriers étant partis au front.

Fabrique de chicorée de Charles Hecht, à Strasbourg
1850
Gallica

De plus,  la chicorée apporte des fibres utiles à la digestion et en cas de constipation passagère. Elle contient notamment une fibre soluble fermentée par les bactéries présentes dans le microbiote, l'inuline, dont l'effet prébiotique soutient la flore intestinale". Elle est riche en minéraux, soutient le fois, est source d'anti oxydant et sans caféine. Cela pourrait lui apporter un regain d’intérêt, 

Historiquement, les égyptiens en consommaient déjà il y a 3600 ans comme plante digestive et dépurative. Au  moyen age on l'utilise en Europe comme plante médicinale (recommandée par Charlemagne par exemple, dans le capitulaire "De villis")

L'utilisation comme succédané de café remonte, elle, à la fin du XVIIe siècle et au XIXe, en raison de la

Publicité de 1911
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révolution française et  du blocus continental. D'abord présente aux Pays bas, sa culture se repend dans le nord de l'Europe: Nord de la France, Allemagne, Angleterre


Plusieurs étapes sont nécessaires à la préparation de la boisson:

La racine de la plante est utilisée.

1) Transformation en cossettes:  Les racines sont lavées et débités en lamelles 

2) Séchage: Il peut être fait à l'air libre, ou encore dans un hangar

3) Torréfaction: Les cossettes sont grillées à 150°

4) Concassage: Les cossettes sont réduites en grains ou en poudre selon les besoins

5) Le conditionnement


Si on désire de la chicorée soluble, une étape supplémentaire est nécessaire, l'extraction.


Certains chicoretiers sont aussi des escrocs
L'humanité. 23 juin 1938
Gallica






















sources 

Wikipedia : Sur la chicorée industrielle (boisson)

Wikipedia: Sur la plante

Illustrations: Gallica

Petit portrait de Challes

 

Entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe, Challes, village proche de Parigné l'Evêque et du Mans, dans la Sarthe était un exemple typique des petites communautés rurales qui parsemaient la France de cette époque.
L'agriculture dominait l'activité économique, comme presque partout ailleurs, mais une activité artisanale
La tannerie de Challes

le complétait. La tannerie de Challes en est un exemple. Notre aïeul Auguste Roncin y travailla un temps. Les tanneries étaient des établissements indispensables à cette époque où l'usage du cuir était omniprésent dans la vie quotidienne. 

L’exploitation de la tannerie employait de nombreux ouvriers qualifiés dans les différentes étapes du traitement des peaux animales, transformant celles-ci en cuir destiné à l'industrie manufacturière et militaire. En l'absence de mécanisation avancée comme on la connaît aujourd'hui, le travail y était ardu et nécessitait une main-d'œuvre importante. Le cuir  produit trouvait des débouchés dans divers secteurs, comme la sellerie, la bourrellerie, la maroquinerie et l'équipement militaire.

Comme toutes les industries du pays,  la tannerie de Challes prit certainement sa part à   l’effort de guerre lors de la Première Guerre mondiale, en fournissant les cuirs nécessaires aux équipements des chevaux et au brelage des soldats.  En effet, à partir de 1914, avec la mobilisation générale et les besoins croissants en matière d'équipement militaire, la tannerie et les autres ateliers similaires ont intensifié leur production pour soutenir le front. 


Pendant ce temps, les jeunes hommes du la commune se retrouvèrent au front. Un certain nombre fut mobilisé dans le 117ème régiment d'infanterie, comme Paul LAFFEZ, mon arrière grand père, qui était de Parigné l'Evêque, tout à côté de Challes. Certain n'en revinrent pas, comme Modeste Roncin, un cousin de la famille, qui est mort en héros en 1916, et avait rejoin le régiment le même jour que Paul. Sa mémoire, comme celle de nombreux autres jeunes soldats de Challes tombés pendant la guerre, reste vivante dans les souvenirs de la communauté. La perte de tant de jeunes ( 45 noms sont gravés sur le monument commémoratif des morts de la première guerre mondiale, pour une population de 1117 habitants en 1911, et on ne parle même pas des blessés)  a eu un impact considérable sur la commune, laissant des familles endeuillées et une main-d’œuvre diminuée, tout en imposant une réalité difficile à la vie quotidienne de ceux restés au village.

En dépit des vicissitudes de la guerre et des transformations progressives des métiers artisanaux, Challes a réussi à préserver une partie de son identité et de ses traditions. Le village illustrait bien les défis et la résilience de nombreuses communautés rurales en France, face aux évolutions industrielles, aux conflits mondiaux et aux transitions économiques

Outils du cordonnier

J'ai parlé il y a quelques jours des auberges du XIXe siècle et de Casimir LAURENT qui en tenait une avec sa femme. Mais ce n'était pas son métier premier. Tous au long de sa vie, il a été qualifié de cordonnier dans les actes d'état civil, avec deux exceptions parmi ceux que je connais, qui renvoient à l'activité d'Aubergiste. 


Le cordonnier
Estampe par
Guérard, Henri (1846-1897)
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Il ne faut pas voir le cordonnier de l'ancien temps comme un ouvrier dont le travail consistait à réparer des   chaussures. Car ce n'était pas sa seule occupation. Son travail  consistait autant en la fabrication   que la fabrication de souliers, de bottes, et de n'importe quel type de chaussure. Son savoir faire, complet, lui permettait de réaliser de ses propres mains toute la chaussure. Il taillait le cuir, le cousait, le polissait, le plus souvent seul dans son atelier, protégé par un tablier de cuir. 

Pour travailler, il utilisait un petit nombre d'outils, dont certains sont énumérés ci-dessous


  1. Pince à tendre : utilisée pour tendre le cuir pendant les étapes de couture, elles permettent de le maintenir en place avec précision et de s'assurer qu'il est bien ajusté.
  2. Emporte pièce : un outil permettant de perforer le cuir, notamment pour créer les trous pour les lacets ou faire des boutonnières .
  3. Alênes : Il s'agit de grosses aiguilles avec manches en bois utilisées  pour percer des trous avant de coudre les semelles et les parties supérieures de la chaussure, aidant à guider le fil dans le cuir sans le déchirer.
  4. Marteau à clou ou de cordonnier : pour enfoncer les clous et affiner le cuir en martelant les coutures, pour garantir leur durabilité.
  5. Formes en bois ou « fers » : pièces sur lesquelles le cordonnier pose la chaussure pour l’assembler et la façonner, permettant de lui donner la forme souhaitée .
  6. Couteaux es : utilisés pour couper le cuir avec précision et le gratter pour affiner les coutures.

Équipé de ces outils indispensables, et d'autres moins représentatif, le cordonnier pouvait créer des chaussures à longue durée de vie.


Pince à tendre du XIXe siècle




Alène





Forme

















Un cordonnier à l'ouvrage. XIXe siècle

Noël, la nativité dans le passé


Chez les peuples païens qui ont précédés les chrétiens en Europe, le solstice d’hiver, autour du 21 décembre,  marqué par la nuit la plus longue de l’année. était perçu comme  un renouveau: le moment où les jours allaient progressivement s’allonger, annonçant le retour du soleil,  de la lumière et, à terme, celui des beaux jours.. De nombreuses cultures célébraient ce moment de l'année avec des festivités destinées à encourager le retour du soleil, comme par exemple les Saturnales de la Rome antique et le Yule des régions nordiques.


    Les Saturnales romaines

Les Saturnales, célébrées entre le 17 et le 24 décembre, fête en l'honneur du dieu Saturne, symbole de l'agriculture et des récoltes, étaient marquées par de grandes festivités, des banquets et des échanges de cadeaux. Pendant cette période, la hiérarchie sociale était temporairement renversée : les esclaves prenaient la place de leurs maîtres, et les règles de la société étaient suspendues.


    Le Yule


Ceci n'est bien entendu qu'un échantillon des traditions ayant existé dans l'antiquité pour marquer le solstice d'hiver.

Chez les peuples germaniques et scandinaves, Yule marquait le retour de la lumière et célébrait la renaissance du dieu soleil. Les traditions de Yule incluaient des feux de joie, la décoration des maisons avec du houx, du lierre, et du gui, symboles d’immortalité et de protection. De copieux  festins permettaient aux gens de se réunir. Certains de ces  éléments se retrouveront dans les célébrations de Noël, notamment les feux de cheminée et les décorations vertes et rouges.



L'Église chrétienne a commencé à célébrer la naissance de Jésus au IVe siècle, choisissant le 25 décembre pour coïncider avec les festivités païennes du solstice d'hiver. Ce Le choix de cette date avait pour but essentiel de pour faciliter la conversion des peuples païens en leur proposant une célébration Chrétienne en lieu et place des festivités anciennes que l'on voulait effacer. Noël devint ainsi la fête de la Nativité, commémorant la naissance du Christ, et se propagea rapidement  dans tout l'Empire romain et au-delà.

Pour rendre cette transition plus fluide, de nombreux symboles et usages païens furent incorporés dans les célébrations de Noël. Par exemple, l'usage de feuillage vert pour décorer les maisons durant les Saturnales et Yule fut intégré aux coutumes de Noël, sous la forme de couronnes de houx. L’idée de lumière symbolisée par des feux de joie et des chandelles représentait désormais Jésus comme "la lumière du monde".

La figure de Saint Nicolas a également joué un rôle important dans la formation des traditions de Noël. Nicolas de Myre, un évêque de l'actuelle Turquie au IIIe siècle, est devenu célèbre pour sa générosité envers les enfants et les pauvres. Sa fête, célébrée le 6 décembre, était marquée par des histoires de miracles et de bienfaits, et les enfants recevaient de petits cadeaux en souvenir de sa bonté.

Les traditions liées à Saint Nicolas se sont répandues rapidement en Europe. Elles ont évolué, surtout aux Pays-Bas et en Allemagne. Dans ces régions, Saint Nicolas est devenu le personnage central des célébrations hivernales, parfois représenté accompagné de créatures mythologiques comme le Père Fouettard, une figure menaçante rappelant aux enfants de bien se comporter. Ce personnage influencera plus tard la création du Père Noël aux États-Unis, lorsque les colons néerlandais y apportèrent leurs traditions.

Avec la montée de la chrétienté, Noël s’est diversifiée en Europe, chaque région ayant développé ses propres traditions :

Les marchés de Noël en Europe centrale

 Les marchés de Noël sont apparus au XIVe siècle en Allemagne, puis ont progressivement gagné d’autres régions d’Europe. Ils étaient, et sont encore, l'occasion pour les habitants de se procurer des aliments festifs et des cadeaux pour leurs proches.

Les chants de Noël 

Les chants de Noël  ont d’abord été des chants païens pour le solstice d'hiver. Ils furent ensuite adaptés pour la célébration de  la Nativité. Ces chants prenaient place dans des festivités communautaires et apportaient une atmosphère joyeuse à la saison. Ci dessous, un chant de Noël du XVe siècle, tiré de la discothèque de la BNF



Chantons, je vous en prie. Noël traditionnel du XVIe siècle - Gallica
à retrouver ici

Les crèches vivantes en Italie

En Italie, les crèches vivantes se développèrent sous l’impulsion de Saint François d’Assise au XIIIe siècle. Cette tradition visait à représenter la scène de la Nativité avec des personnes en costumes et des animaux, afin d’incarner l'histoire de la naissance du Christ pour les fidèles.

Autres traditions

Elles sont nombreuses, héritières des périodes passées ou innovations de l'église. Citons simplement parmi d'autres le sapin de Noël, le repas de Noël, les décorations de houx, les trois de tradition païenne, les crèches dans chaque foyer et la messe de minuit, innovations Chrétiennes


La fée sucrée ou La nuit de Noël (2e édition)
par Mlle Adèle de Nouvion - 1860
Gallica

Le Père Noël, tel qu’on le connaît maintenant, résulte d'une évolution historique et culturelle complexe plutôt qu’une invention unique. 

Le Père Noël puise son origine dans Saint Nicolas, dont on a parlé un peu plus haut. Il est à l'origine des traditionnelles de distributions de cadeaux.

En migrant aux États-Unis avec les colons néerlandais, la figure de Saint Nicolas (Sinterklaas) est devenue "Santa Claus". Au XIXe siècle, le poème A Visit from St. Nicholas (1823) de Clement Clarke Moore popularise le personnage, en lui donnant une apparence joviale, avec une barbe blanche et un costume rouge, et le décrivant comme voyageant en traîneau.

Dans les années 1930 enfin, la marque Coca-Cola contribue à la standardisation de l’image actuelle du Père Noël avec des illustrations de l’artiste Haddon Sundblom, ancrant son apparence iconique en rouge et blanc, couleurs de la marque.

Noël dans une famille - 1926
Gallica

Le Père Noël est donc une figure issue de plusieurs influences culturelles et commerciales qui ont évolué au fil des siècles.
Ainsi, Noël tire ses racines profondes des fêtes et célébrations du solstice d'hiver qui existaient depuis des siècles, et même probablement depuis des milliers d'années, avant l'ère Chrétienne. Puis elle a évolué, les églises Chrétiennes reprenant à leurs comptes les traditions ancestrales, les transformant pour correspondre à leurs aspirations et les complétant avec leurs propres traditions. Depuis un siècle une autre transformation s'opère et la fête de Noël perd petit à petit de son caractère divin pour devenir profane et commerciale.





Moissons

La plus part d'entre nous a pour ancêtres une majorité de paysans et d'habitants des campagnes. Bien
La moisson, Bouzonnet-Stella, (1641-1697)
Jacques Stella (1596-1657)
Bibliothèque municipale de Lyon

qu'une de mes branches ancestrales soit composée de citadins, habitant Lille ou Roubaix, il n'en reste pas moins que le monde rural forme l'immense majorité de mes aïeuls, comme tout le monde.
Le monde rural est, depuis que l'être humain a développé l'agriculture, soumis au rythme des saisons et aux contraintes climatiques. La vie d'un paysan, depuis la nuit des temps, est structurée autour du cycle labours (fin de l'hiver, début de printemps) , semailles ( au printemps) , moissons (fin de l'été), les périodes de réalisation de ces étapes variant en fonction de la région, de la culture envisagée et de la météo.
Bien que ces étapes soient toutes importantes et indispensables, la moisson était, dans les temps anciens, un moment clé du cycle agricole. La moisson était, et reste le moment où le paysan est récompensé de ses efforts. D'autres travaux complétaient d'ailleurs ces opérations. Le désherbage et l'entretien des parcelles après les semis, afin de supprimer les plantes pouvant concurrencer les plantations, le battage après la récolte, permettant de séparer le grain des chaumes qui forment ensuite la paille, le stockage des fruits de la récolte (voir par exemple la relation faite par le curé de Feings du grand hiver et dans laquelle à la ligne 43 il parle du lopin de terre faisant partie du trésor de son église.   




La moisson, ou 3e vue des Flandres
Le Bas, Jacques-Philippe (1707-1783). Graveur
Teniers, David (1610-1690). Peintre du modèle
Gallica

La saison des moisson signifiait des journées de travail longues et fatigantes, pour le village entier, car si la terre était en grande partie travaillée par la classe paysanne, il n'était pas rare que les artisans possèdent un lopin de terre qu'il mettaient en culture. Il en était de même du curé qui pouvait avoir à disposition un bout de terrain destiné à subvenir à ses besoins.

Avant l'arrivée des premières moissonneuses au XIXème siècle, le travail de la moisson reposait entièrement sur l’effort physique. Les paysans utilisaient la faucille pour couper les céréales, outil rudimentaire mais efficace pour récolter les tiges à la main. La faux, plus large, était aussi utilisée, particulièrement pour les grandes étendues, bien que son maniement demande de l’expérience et de la force.
Ce travail difficile et devant être réalisé en un temps assez court, c'est à dire dès la maturité des récolte, et avant que celles-ci ne commencent à dépérir, il était fréquemment réalisé en commun. Ceux dont les récoltes étaient plus tardives aidaient ceux dont les récoltes étaient plus précoces, et réciproquement. Les saisonniers de l'époque, c'est à dire les journaliers avaient là des opportunités de travail et prêtaient leur concours à la récolte contre un salaire où un repas. Pour ne pas perdre de temps, le travail débutait au lever du jour et pouvait durer jusqu'au coucher du soleil, une pause permettant de se restaurer et de se protéger des trop fortes chaleurs de l'été coupant la journée. Cela fournissait d'ailleurs une occasion aux jeunes gens pour se mesurer entre eux, sous le regard des jeunes filles présentes aussi "sur le chantier",  toute la communauté étant présente. Certains pour faucher les blés, d'autre pour former les gerbes, les transporter. Quelques femmes préparaient le repas pris en commun après la journée de travail, portaient des rafraîchissements et des casse croûtes aux travailleurs

Les moissons constituaient un moment vital pour les populations des campagnes, où l’agriculture représentait la principale source de subsistance. Le blé, l’orge, le seigle et l’avoine, parmi d’autres céréales, formaient la base de l’alimentation. Elles permettaient (et le permettent toujours) la production de farine et de pain, aliment de base en Europe avant l'arrivée de la pomme de terre, de nourrir le bétail et les volailles, de fournir la paille pour la litière des bêtes, les matelas ou la garniture des lits et des sabots. Une récolte abondante signifiait la sécurité pour l'année à venir, de la nourriture pour la mauvaise saison, alors qu'une récolte médiocre signifiait la famine et la misère, avec son lot de dommages collatéraux, comme les épidémies ravageant les populations affaiblies plus facilement
A la fin des moissons,une fois les tiges séchées, rassemblées en gerbes et séchées, elles étaient battues au fléau pour séparer le grain de la paille. Cette opération elle même était longue et difficile, mais elle signifiait la fin de la moisson

Joueur de Veuze
La période des moissons était donc un moment fort de l'année, signifiant lourd labeur et fatigue. C'est pourquoi, une fois les récoltes engrangées, elle se terminait par des festivités et des célébrations profondément ancrées dans les traditions villageoises.
Ces festivités avaient une dimension religieuse, incarnée par une messe ou une procession où même les deux, chaque village ayant sa propre tradition. Il n'était pas rare de sortir le Saint patron du village de son église pour le promener à travers champs. Une fois ce devoir accompli venait le moment de la fête et d
u festin. Viandes, produits frais et pain formaient un repas copieux pour l'occasion, arrosé de vin, de cidre ou de bière selon l'endroit, et agrémenté de danses au son des vielles à roues, accordéon ou autres veuzes (1) . 
 Ces célébrations des moissons constituaient un moment de partage et de renforcement des liens sociaux.


Note:
1: La veuze est un instrument de musique de la famille des cornemuses, jouée en Vendée

L'auberge

Casimir Laurent (1810 - 1895), un des arrière-arrière-grand père de ma Maman exerçait la profession de cordonnier à Vallon sur Gée, dans la Sarthe. En plus de sa fille Marie Eugénie (1859 - 1933) qui est une des arrière-grand-mère de ma Maman, je lui ai découvert quatre enfant, tous nés à Vallon sur Gée, et avant Marie Eugénie:

  • Casimir Pierre, né en 1843
  • Julie Marie née en 1845
  • Joséphine Marie, née en 1847
  • et Louis André, né en 1856

Sur une bonne partie des documents le concernant, il est déclaré comme étant cordonnier, ou ouvrier cordonnier. Cependant, sur l'acte de mariage de Marie Eugénie, il est indiqué sa femme Marie Anne Dubois et lui sont aubergistes. De plus, lors de son décès, la table des successions et absences stipule qu'il est cafetier. Je pense donc qu'il est bien cordonnier, mais qu'en plus de couple tient une auberge.

Auberge de la Montagne-Verte
Reiber, Paul ((gravure de 1877)
Gallica

A cette époque, l'auberge, lieu de repos pour les voyageurs, était aussi un point de rencontre dans le village, une halte réconfortante pour le paysan partant ou revenant  des champs, où il pouvait boire un coup en bonne compagnie. Lieu de loisir aussi, où les villageois se donnaient rendez vous le dimanche ou en semaine après le travail pour passer un bon moment.

Au XIXéme siècle, les routes de campagne sont difficiles, les trajets sont longs et éprouvants ( voir l'article Immersion dans la vie des voyageurs du 19e siècle...). Les diligences transportaient les personnes, les marchandises quand à elles voyageaient en chariots et autres tombereaux (voir l'article sur les charretiers) . Les chemins, boueux en automne et en hiver, n'étaient ni faciles, ni surs. La tombée de la nuit était particulièrement dangereuse  et on ne circulait pas la nuit.  L’auberge de campagne devenait alors un refuge incontournable pour tous ceux qui osaient s’aventurer hors des sentiers battus, qu’ils soient marchands, paysans, ou simples promeneurs.

Une salle d'auberge
en Alsace en 1910
Gallica

On y trouvait bonne chère, un lit pour la nuit, des écuries pour les chevaux et les marchandises. On pouvait s'y restaurer correctement, mais rustiquement, de soupe, de viandes rôties ou de volailles. accompagnées de légumes du pays.

Lieu de rencontre, les gens du pays pouvaient croiser les voyageurs venus des régions voisines  et se tenir un peu au courant de ce qui se passait au loin. En ces temps où il n'y avait pas de télé ni de radio, seuls les journaux et les voyageurs permettaient de se tenir au courant des nouvelles du monde extérieur au village et de ne rien manquer des petits potins des villages voisins...

Les aubergistes s'occupaient  de gérer les réserves de nourriture, de bois, et de paille. ils organisaient et préparaient ou faisaient préparer par leur personnel  les repas, ils tenaient  le bar, et de s’assuraient du bien-être de chaque client.


Une salle d'auberge
en Alsace en 1910
Gallica

Les voyageurs fatigués y trouvaient un accueil chaleureux, une oreille attentive pour partager leurs récits de voyage et une complicité spontanée, presque familiale. C’est aussi à cette époque que les auberges se peuplent de personnages hauts en couleur – des conteurs, des musiciens de passage, et même des poètes qui venaient égayer les soirées de récits et de chansons.


Les chambres, quant à elles, étaient rustiques mais confortables. Chacune était équipée d'un lit de bois, parfois avec un matelas rempli de paille ou de laine, couvert de draps épais et de couvertures en laine pour affronter la fraîcheur des nuits. Une table avec une cuvette et un broc en porcelaine tenaient lieu de salle de bain. Un seau de nuit complétait l'équipement. La plupart des chambres ne disposaient pas d’un confort moderne, mais le feu de cheminée ou les bougies procuraient une chaleur douce, enveloppant les voyageurs dans une ambiance chaleureuse. Il était courant de partager une chambre ou même un lit avec d’autres voyageurs, surtout en période de grande affluence.


L’auberge du XIXème siècle était un lieu de rencontres, où se croisaient des individus aux parcours et aux horizons variés. Elle représentait une pause dans le tumulte des voyages, où les passants pouvaient échanger des nouvelles des régions voisines, partager leurs expériences et même faire des affaires. Certains commerçants y exposaient leurs produits, tandis que les fermiers locaux y vendaient des denrées et du bétail.


Les veillées étaient souvent l’occasion d’écouter les récits des voyageurs,des légendes locales transmises de génération en génération. La musique y jouait un rôle important et il n’était pas rare de voir un musicien de passage sortir un violon ou un accordéon pour animer la soirée. Ces moments de partage et de convivialité faisaient de l’auberge un lieu où l’on se sentait en famille, même pour une nuit seulement.

Il est fort probable que les gendarmes de la compagnie à laquelle appartenait Adolphe Anselme BLEU aient fréquenté l'auberge de Casimir, que ce soit au cours de leurs tournées pour se restaurer en cours de chemin, ou plus simplement pour passer du bon temps après leur service. Il est aussi possible d'imaginer que Marie Eugénie ait prêté main forte à ses parents pour la tenue de l'auberge et que ce soit dans ce cadre qu'elle et Adolphe aient fait connaissance. Bien sur ce n'est qu'une supposition...  




source: Gallica



Kiosque à musique


Le kiosque à musique à Vittel
Gallica

Avant la radio, avant les CD, disques vinyles et autres microsillons, la seule manière d'écouter de la
musique était de se rendre au concert ou au bal. Nos ancêtres au XIXe siècle n'avaient pas beaucoup de possibilités pour se divertir.

Au XIXème siècle, les villes européennes connaissent un bouleversement majeur, du à
l'industrialisation massive et à l’essor de la classe bourgeoise. Le paysage urbain est profondément modifié et les espaces publics prennent une importance nouvelle dans la vie citadine.

Les kiosques à musique occupent une place particulière parmi les innovations architecturales et urbaines de cette époque. Souvent construit dans les parcs et les jardins publics, ces nouveaux équipements, aux formes élégantes et aérées, symbolisent l'attrait pour la musique en plain air ainsi que la volonté de créer des lieux de rassemblement ouverts à tous.


Voulus par les municipalités, parfois financés par la bourgeoisie locale, de nouveaux espaces verts sont aménagés. Propices aux loisir et à la détente, ils deviennent des lieux de promenade, d'échange social, de détente. Les kiosques à musique en sont bien souvent les éléments centraux. 

En France comme dans d'autres pays Européens, le kiosque à musique devient le symbole de la modernité et de la montée en popularité de ma musique militaire et des concerts publics.

Les kiosques sont conçus pour abriter les orchestres qui jouent plein air et permettent à un public nombreux de profiter des concerts gratuitement. Les concerts ont lieu les dimanches, ou période estivale, et le public n'y déroge pas. Le kiosque à musique devient rapidement une institution populaire, et les nouveaux parcs et jardins ne sauraient être conçus sans la présence d'un tel équipement.

Généralement, le kiosque à musique est de conception circulaire ou octogonal, ouvert sur tous les côtés, surmonté d'un toit en dôme. Les musiciens sont ainsi protégés des intempéries et le son est diffusé de manière optimale dans l'espace alentour où se place le public. Pour le reste, les styles sont nombreux et les matériaux utilisés aussi, bien que le fer forgé soit très prisé car résistant et facile à travailler. Ils sont finement décorés de colonnes, de balustrades, de frises. Des motifs floraux rappelant les jardins environnants ornent les toitures. Ainsi, chaque kiosque devient un exemple unique de l’art décoratif et de l’ingéniosité architecturale du XIXe siècle.

Les kiosques à musique ne sont pas seulement des structures architecturales ; ils sont avant tout des lieux de vie, où se rassemble une population bigarrée, issue de toutes les classes sociales.Les concerts donnés dans ces kiosques deviennent un événement régulier, souvent organisé les dimanches et jours fériés.

Jardin des Champs Elysées, kiosque du concert Musard
Négatif sur verre au colodion 28,8 x 3è,7 cm
Par Charles Maville (1813 - 1979)
Bibliothèque de la ville de Paris
Domaine public 
Les orchestres militaires jouent un rôle important dans l'animation musicale des kiosques. la programmation comporte fréquemment des marches militaires, des airs d'opéra populaires et des compositions destinées à être jouées à l'extérieur. 

Cette ouverture à tous est en elle-même une innovation. Alors que la musique était auparavant réservée à l’élite qui fréquentait les opéras et les théâtres, les kiosques permettent aux ouvriers, aux commerçants et aux familles de découvrir des œuvres musicales sans avoir à payer de billet d’entrée. 

Ces moments musicaux deviennent ainsi des occasions de socialisation, où les citadins de toutes origines peuvent se côtoyer et partager un moment de détente. Le kiosque à musique s’impose ainsi comme un symbole d’égalité et de démocratisation culturelle dans la société du XIXe siècle.

Le début du XXe siècle marque l’apogée des kiosques à musique, mais leur popularité commence à décliner après la Seconde Guerre mondiale. L’essor des nouvelles technologies, comme la radio, le disque vinyle  et le cinéma, modifie en effet  les habitudes de divertissement. La musique peut maintenant être écoutée chez soi, et choisie à son goût. Les kiosques perdent peu à peu leur attrait. Ceci combiné avec les coûts d'entretien et la baisse des subvention fait que les kiosques sont peu à peu abandonnés.Certains sont démolis. Mais de nombreux kiosques subsistent encore dans nos parcs, préservés par leur esthétique, témoins silencieux d'une époque révolue.

Aujourd'hui, avec la revalorisation des espaces verts et le développement d'initiatives locales, les kiosques à musique bénéficient d'un regain d’intérêt. Certains sont restaurés, d'autres reprennent du service pour des festivals de musique, des concerts, des représentation théâtrales.

Les kiosques à musique témoignent ainsi de l'attachement des villes et des villages à leur passé tout en s’adaptant aux nouvelles attentes du public.






 

Qu'est-ce qu'un chicoretier

Un chicoretier (ou chicoratier) était un ouvrier ou un artisan spécialisé dans le traitement de la chicorée, une plante utilisée pour fabriq...