L'usage des nouvelles mesures |
Selon les provinces et corporations, une même mesure (un même poids, un même volume) pouvaient avoir des noms différents, ou un même nom pouvait désigner deux mesures différentes.
Par exemple, regardons la toise, unité de longueur
Les subdivisions de la toise sont "standards", à savoir:
Une toise se divise en 6 pieds
un pied vaut 12 pouces
un pouce vaut 12 lignes
et une ligne vaut 12 points.
Mais la valeur du pied n'est pas standard. Si à Paris un pied équivaut à 32,5cm (Pied de roi, ou de Charlemagne, ce qui en passant lui fait chausser du 50 😀 ), il ne mesure plus que 29,9cm en Normandie, 29,5cm en Lorraine et s'allonge même à 35,7 cm à Bordeaux !
Mesure 6 pieds à Paris, c'est mesurer 1,95m. Mesurer 6 pieds à Bordeaux, c'est mesurer 2m14 !
A côté de cela existaient de nombreuses mesures locales, utilisées ici mais pas ailleurs, toutes aussi "précises" que le pied.
Ainsi la coudée, qui est la distance du coude jusqu'au bout du majeur. Cela fait environ 45cm, sauf si on parle de coudée royale, qui elle mesure 52,5cm.
De la même manière, on mesure la longueur des tissus en utilisant l'aune, qui n'est pas la même d'une ville à l'autre, avec des valeurs allant du simple au double.
Plus déroutant encore pour nous qui sommes habitués au système métrique et au système universel de mesures, la canne, qui sert à mesurer elle aussi les tissus, surtout dans le sud de la France, vaut 1m98 en Provence lorsqu'on mesure de la soie, mais 2m13 si on mesure du drap!
La lieue n'est évidement pas la même à Paris ou ailleurs, cela, on l'aura compris, mais ils y a d'autres différence; La lieue de Paris diffère avec le temps et même selon les administrations:
Avant 1674, une lieu de Paris égale 3,25 Km, soit 1666 toises.
Puis c'st 2000 toises jusqu'en 1737 et enfin 2400 toises pour les tarifs de transport du grain. Par contre, pour les Ponts et Chaussées une lieue vaut alors 200 toises alors que pour la poste c'est 2200 toises...
Bref, tout cela n'est pas simple.
Et ce n'est qu'un aperçu de ce pouvaient utiliser nos ancêtres. Les unités de mesures de surface, de volume, de poids étaient tout aussi complexes, et reflétaient bien souvent le quotidien des paysans.
Les mesures de surface sont indispensable dès que l'on parle de terre, que ce soit pour la travailler ou pour la vendre ou l'acheter, ou encore la louer
Citons par exemple:
la toise pied, correspondant à 6 pied carrés (3,796 m² si on parle de pieds de Paris)
La perche des forêts, surface carrée de 22 pieds de côté (soit 51,04 m², toujours en pieds de Paris
l'acre, qui vaut entre 52 et 82 ares selon les endroits
l'arpent, qui vaut 100 perches carrées, avec une valeur de la perche variable selon les régions
le bonnier, du nord de la France, valant de 64 à 148 ares
A côté de ces mesures de surface basées sur les mesures de longueur existaient des mesures basées sur le travail et donc beaucoup plus suggestives.
Par exemple
La brassée, qui est la superficie qu'un homme peut labourer en un jour
La cartonnée qui est la superficie que l'on peut ensemencer avec un carton de grain
Le journal, unité de mesure la plus utilisée avant la révolution, est la surface qu'un homme peut faucher, ou qu'un homme peut travailler, ou encore qu'une charrue peut labourer en une journée;
Les unités de mesure de volume sont tout aussi nombreuses.
Bien entendu tout le monde connait encore la chopine (0,33 l environ, mais 0,46l à Paris 😜 ) ancienne unité germanique utilisée pour mesure la bière
La pinte de Bordeaux (1,28l) bat quant à elle celle de Paris (0,92l)Bref, on pourrait multiplier les exemple à l'infini sans pour autant épuiser le sujet
Citons pour finir sans les définir:
L'ânée, le bichet le dément, la pipe, la queue, le scandal (sans e) (si si, tout ces termes sont bien des unités de mesure de volume de l'ancien régime), le litron, le boisseau, le carton, le muid, le setier, etc.
Et pour les poids:
le marc, qui est l'étalon royal de poids (408,25 g initialement)
La livre, qui vaut deux marcs
le quintal de 100 livres
Le tonneau de mer, le denier, le félin, le quarteron, et bien d'autre encore
Avec un marc qui varie au cours du temps....
Tout cela est très compliqué. C'est pour cela que dès le 17ème siècle on chercha à uniformiser tout cela, en utilisant comme unité de longueur la longueur d'un pendule battant la seconde, ce qui a mené à 0,994 m environ, avec le problème que cela varie en fonction du lieu de la mesure!
Louis XV et Louis XVI ont quant à eux exigé que les administrations utilisent sur tout le territoire les mesures de Paris. Mais les mesures locales restèrent en usage.
Les cahiers de doléances rédigés à l'aube de la révolution demandaient l'uniformisation des mesures dans tout le royaume, pour simplifier la vie des gens et mettre plus de transparence dans les transactions,
C'est finalement la révolution qui permit de faire table rase. Le mètre fut définit comme la dix millionième partie du quart du méridien, le litre que nous connaissons est d'abord appelé pinte, le kilogramme quand à lui s'appelle initialement le grave.
La loi du 18 germinal an III fixe définitivement ces unités de mesure telles que nous les connaissons
Mais il fallu de nombreuses années avant que tout soit clair pour tout le monde. En effet, le gouvernement a, en 1801, autorisé d'utiliser les anciennes dénominations pour les nouvelles mesures, ce qui provoque une confusion réelle dans les esprits. Et dans les documents de l'époque.
Ce n'est qu'en 1840 que furent interdites définitivement les anciennes mesures et que le système métrique décimal fut établi en France.
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